Le besoin de donner un sens à sa vie
La crise existentielle nommée aussi « crise de la quarantaine » est la manifestation d’un mouvement qui nous touche tous. C’est une bonne nouvelle qui n’annonce pas un déclin, mais nous invite voire nous demande de nous épanouir, nous révéler, et donner un sens à notre vie.
Pourtant en réalisant mon analyse je constate que « Bien rare sont ceux qui comprennent le rôle positif de la crise avant d’en être sorti. Mais pourquoi y a-t-il crise ? La crise nous dit qu’il nous faut arrêter de faire plus ou moins les mêmes choses. Elle nous dit aussi que nous sommes dans un écart trop grand entre ce que nous croyons que nous sommes et ce que nous sommes vraiment, c’est pourquoi « une faille sismique » provoque une zone de turbulence ou une rupture créant un vide existentiel, un réveil, où un hapax existentiel. Cet écart peut ressembler au « fossé de la réalité » nommé par Russ Harris dans l’ACT.
Un nouveau levier est alors possible à partir d’un retour sur Soi, nécessaire à la compréhension de ce qui est à réaliser maintenant du fait que cette crise est là et qu’elle nous dit : « réveille- toi, révèle-toi© ». Elle nous invite à remettre de l’ordre, là où il y a du désordre, à remettre du sens là où il y a du non-sens, « afin de découvrir des ordonnancements » en vertu de la volonté de sens » comme l’écrit Viktor Frankl.
L’ordonnancement signifie ordonnancer notre vie autrement pour sortir du non-sens en remettant du sens, en remettant de l’ordre, là où il y a du désordre. Nous sommes dans l’homéostasie psychologique qui cherche l’équilibre entre les besoins et leur satisfaction. Dans la mesure où ces besoins existentiels ne sont pas satisfaits, un déséquilibre intérieur survient. Nous cherchons à parvenir à l’équilibre par un comportement nous permettant de satisfaire nos besoins et nous pouvons renforcer ce déséquilibre parce que nous ne savons pas ce que ce déséquilibre signifie, ce qui engendre la crise existentielle.
Nous allons devoir réaliser un retour sur Soi pour connaitre nos besoins essentiels, et pour cela nous allons devoir nous connaître vraiment, sans mauvaise foi dirait Sartre et nous reconnaître. C’est alors en « enlevant » les déterminismes de la personnalité que l’identité vraie réapparait, auparavant cachée sous des couches d’égo.
L’accompagnement existentiel engendre alors la capacité à redéfinir l’essentiel et à le repositionner au cœur de ce qui est important « éclairé par des niveaux de sens relevant des structures profondes de son identité; ses dimensions psychologiques, existentielles, spirituelles » (Lenhardt, 2008), pour sortir des problématiques, des répétitions, des conflits, des méconnaissances et des souffrances. L’important a alors sa place, déchargée des souffrances émotionnelles et des luttes érigées parfois en lieu et place de l’expression de Soi et de sa capacité d’exister que ce soit en termes d’identité, de croyances, de juste place ou de position sociale.
« La crise du milieu de la vie a souvent un caractère existentiel. Pour parvenir à la dénouer, un patient a besoin de percevoir sa propre existence, sa place dans l’univers […]. Cette perception fait partie d’un ensemble de prises de conscience que j’exprimerais par une métaphore : elle se fait au moment où un patient découvre qu’il peut entrer en communication avec l’univers en passant par une porte qui a exactement la forme de sa propre personne. Une petite porte à la dimension de la goutte d’eau que chacun est par rapport à l’univers, mais qui débouche sur l’infiniment grand. […]. Les patients parfois se débattent pour avoir d’autres formes que la leur. […] Le jour où ils découvrent que la porte de leur personnalité ouvre sur l’univers, ils ne s’inquiètent plus qu’elle soit plus petite qu’ils l’auraient souhaitée. Elle ouvre sur un espace de liberté. Peu importe la taille du passage. Ce n’est plus la porte qui compte mais ce à quoi elle permet d’accéder ». (Quinodoz, 2005, p. 320)